Aujourd’hui, nous donnons la parole à Melissa Duhalde, membre de l’association YPB (Young Professionals in Beauty) et partenaire de l’édition 2023 de la Beauté Plurielle. L’occasion de présenter l’association, ses valeurs et objectifs !

Peux-tu présenter l’association ? 

YPB est la 1ère communauté des jeunes professionnels de la beauté qui a pour but de fédérer les jeunes actifs autour de leur passion commune et de leur permettre de rencontrer et d’échanger avec des professionnels plus aguerris du secteur de la beauté. 

Nous organisons des événements mensuels physiques ou digitaux avec des experts du secteur sur des sujets actuels ou des tendances émergentes. YPB c’est aussi une communauté avec des adhérents passionnés qui se retrouvent autour de verres communautés pour se rencontrer et échanger, participent à des ateliers et partagent leur bons plans et connaissances. Les maîtres mots ? Partage, bienveillance, entraide et convivialité. 

Pourquoi avez-vous accepté de vous associer au projet Beauté Plurielle ?

Nous avons décidé de nous associer au projet Beauté Plurielle car nous pensons sincèrement que la diversité et l’inclusivité sont des sujets clés, qui doivent faire partie des valeurs principales des marques de cosmétiques et ainsi se refléter dans leurs campagnes.

Comment mettez-vous en place une politique de diversité au sein de votre activité ? 

Notre bureau est un beau mélange de personnes aux genres, aux origines et aux parcours divers et variés. De l’Afrique aux Amériques, en passant par l’Europe et l’Asie, presque tous les continents sont représentés. Ce qui est encore plus beau c’est que nos adhérents également sont représentatifs de cette diversité. 

Notre association est ce qu’on appelle « multicultural native », elle a été fondée comme ça, sans questionnement car cela nous apparaît comme une évidence. Faire partie de la communauté YPB c’est être dans une « safe place » où on peut échanger sur son expérience, sa perception des choses et donner son avis sur les actualités de l’industrie. Cela nous donne l’avantage de mieux comprendre les enjeux de la diversité dans la beauté, et la légitimité de parler de ces sujets que nous n’hésitons pas à aborder régulièrement lors de nos lives ou événements. Nous avons d’ailleurs organisé un live sur cette thématique avec Chantal Soutarson mais nous en avons aussi organisé un avec Kelly Massol, fondatrice des Secrets de Loly, marque capillaire destinée aux cheveux texturés. Nous avons également organisé une table ronde sur le sujet « La beauté inclusive : conviction ou nécessité » avec des experts et marques qui ont suscité questionnements et débats !

Quel est pour vous le message à faire passer aux marques en matière de représentation ? 

La représentation est indispensable parce que les médias et la culture façonnent la manière de penser au sein de notre société. À une époque pas si lointaine, on évitait de mettre trop de noirs dans une publicité car ce n’était pas considéré comme vendeur. C’est seulement depuis le mouvement récent Black Lives Matter que l’on voit plus de diversité dans les publicités, tout simplement parce que les consommateurs ont pris le pouvoir grâce aux réseaux sociaux et n’hésitent pas à dénoncer les marques qui prennent de faux engagements. C’est une belle avancée mais la vraie représentation ne doit pas se limiter à de la publicité. C’est un changement de fond que toutes les marques doivent entreprendre. Le consommateur aujourd’hui s’interroge sur la diversité dans les équipes en interne, ou encore aux postes de direction et les marques vont devoir se justifier de plus en plus pour répondre au besoin de transparence des consommateurs. Les populations, à l’échelle globale, sont de plus en plus mélangées et métissées donc les marques qui rateront cette révolution multiculturelle deviendront obsolètes dans quelques années, comme les marques qui ont raté la révolution numérique des années 2000 et dont on ne parle plus aujourd’hui, hormis pour étudier ces cas d’école dans les universités.

Quels sont selon vous les impacts positifs d’une démarche plus inclusive dans le monde du travail, des cosmétiques et des médias ?

Avoir une démarche plus inclusive est un enjeu majeur de notre société pour réduire les inégalités à tous les niveaux. Il est donc très difficile de répondre à cette question succinctement. 

D’un point de vue sociétal, avoir plus de représentation des personnes issues de la diversité, de couleurs de peau ou de cultures variées, porteuses de handicap ou encore de différents genres dans des postures non stéréotypées, encourage les jeunes générations et leur montre qu’elles ne sont pas moins légitimes que les autres. Cela permet également de changer la vision que les personnes ont des minorités, car les médias influencent de façon importante notre perception du monde. Il ne s’agit pas de créer une nouvelle réalité car les succès story de personnes issues de la diversité sont nombreuses, il s’agit juste de les mettre plus en avant que les faits divers. 

Il existe peu de statistiques ethniques en France mais de nombreuses études ont montré qu’à qualification égale, une personne racisée aura plus de difficultés à trouver un emploi qu’une personne blanche en France. La cosmétique a un grand rôle à jouer dans ce combat car elle est l’une des industries françaises qui exporte le plus et en dehors de l’export la France est un pays très diversifié. Il est donc primordial pour les marques de comprendre les spécificités et les besoins de tous ces consommateurs. En termes de représentation, le temps où l’on refusait de mettre des personnes de couleur dans les publicités sous le faux prétexte que « ça ne fait pas vendre » est révolu. On voit un réel avant/après depuis le mouvement Black Lives Matter. 

Aujourd’hui, on remarque que toutes les marques de maquillage développent des teintes pour les peaux foncées. Cela est dû en grande partie grâce à Rihanna et sa marque Fenty. A contrario, auparavant, la plupart des marques ne le faisait pas, et celles qui le faisaient ne commercialisaient ces teintes supplémentaires qu’à l’export. 

Malgré cela, on ne peut que constater que lutter contre les inégalités liées au manque de diversité et d’inclusion dans l’industrie est un travail de fourmi, qui prend du temps. Il y a quelques jours, en Mai 2023, le ministère de l’éducation nationale a enfin lancé un diplôme de coiffure des cheveux bouclés, frisés et crépus… C’est un pas de géant pour toutes les personnes aux cheveux afro-texturés qui se voient régulièrement refuser l’accès aux salons de coiffure dits « conventionnels » à cause de leur texture de cheveux et nous espérons que cela continuera dans ce sens. Ce qui est sûr, c’est que YPB continuera à promouvoir la diversité et à soutenir les différentes démarches d’inclusivité dans l’industrie de la beauté.

____

Merci Melissa pour sa disponibilité et son attachement aux valeurs qui nous semblent essentielles pour avancer dans le secteur de la beauté

Leave a comment